Qu'est-ce qu'une offre valable d'emploi acceptable?
Les multiples dimensions de l’offre d’emploi acceptable / Offre Valable d’Emploi (OVE): questionnement et proposition.
Le président de la République souhaite mettre en place un système de sanctions (nota radiation) en cas de refus à deux offres d’emploi acceptables. Mais qu’en est-il de la définition du mot « Acceptable »?
– Une question qui promet de longs débats entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Et pour cause, nous sommes face à une notion pour le moins subjective avec des critères qui demandent à être précisés. L’acceptable a-t-il Une définition?- Bien entendu, non! Il y a ce qui est acceptable pour les institutions, les entreprises et les demandeurs d’emploi. Mais il y a aussi l’acceptable par rapport aux différents critères (intérêt du poste, adéquation avec le projet professionnel, le salaire et la rémunération proposée, le lieu géographique…etc).
D’un côté nous avons des offres d’emploi non pourvues, de l’autre des demandeurs d’emploi (cf les chiffres en débat). L’une des raisons évoquées serait le refus à ces offres. Voici un partage d’expériences et mes interrogations. Nous allons voir que la frontière entre le subjectif et l’objectif n’est pas si facile à gérer.
Dans le cadre de cellule de reclassement l’OVE se définit communément comme une offre dans le même bassin d’emploi sur un salaire équivalent ou n’entraînant pas une diminution de salaire de plus de 15-20% par rapport au précédent et débouchant sur un CDI ou bien un CDD/une mission d’intérim de 6 mois ou plus. [Je n’évoque pas ici la notion de « reclassement » car elle comprend en plus: la formation et la création d’entreprise].
Nous sommes donc sur les critères : localisation – salaire – durée
- 1er exemple: le bassin d’emploi est une zone très grande. Ce critère peut entraîner un déménagement ou des trajets de transport assez importants. Il existe des aides financières pour la mobilité mais celles ci ne rassurent pas pour autant tous les demandeurs d’emploi. Prenons l’exemple des mères de famille qui posent souvent en priorité le critère de la proximité (maison-école-entreprise) à l’acceptation d’un emploi.
- 2ème exemple: le salaire est une notion restrictive car nous savons qu’aujourd’hui la dimension la plus juste serait de parler de rémunération (salaire + périphériques ex: prime, mutuelle…etc) et de perspectives de carrières (j’intègre là là dimension promotion, évolution, etc.). Là aussi nous pouvons évoquer l’aide différentielle de reclassement mais une aide financière suffit-elle à motiver un demandeur d’emploi à accepter un salaire inférieur au précédent ou au pouvoir d’achat que bénéficie un demandeur d’emploi indemnisé par les ASSEDICS? Sachant, que la question se reposera ultérieurement et surtout que travailler entraîne de facto des dépenses (tenue vestimentaire, transport, déjeuner..etc)? Je note souvent que des demandeurs d’emploi sont prêts à accepter un salaire inférieur lorsque l’entreprise offre des avantages de natures financières ou non (ex, intérêt du poste, image de marque de l’entreprise, etc).
- 3ème exemple: La durée. Il est vrai que le CDD ou la mission d’intérim peuvent aboutir à un CDI. Mais si certains trouvent une satisfaction à travailler en intérim la plupart des demandeurs d’emploi sont plutôt à la recherche d’un emploi stable.
En fait, je suis ravie que le débat s’ouvre sur cette notion ambigüe. Je pense qu’il serait bon que l’on redéfinisse les critères de « localisation, salaire, durée « en ajoutant les deux notions suivantes:
- 1. Le temps: Date clef de l’offre d’emploi? Je fais ici allusion à la période de deuil nécessaire lors de la perte d’un emploi de longue durée, au temps de travail pour l’élaboration d’un projet de reconversion.
- 2. Le projet professionnel: l’adéquation entre l’offre et l’objectif professionnel. L’offre correspond elle au chemin de vie professionnel?
Et je préconiserai ce que je fais déjà avec les personnes que j’accompagne:
un contrat moral entre le conseiller et le demandeur d’emploi afin de s’entendre ensemble sur la définition des critères de choix que les institutions auraient préalablement énumérés et de les pondérer.
Une définition conjointe des critères et une échelle de priorité.
Qu’en pensez-vous?
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