Acadomia, communication de crise via les médias pour gérer son image de marque
Acadomia veut gérer sa réputation en utilisant les Médias Sociaux.
Depuis quelques heures une page Facebook « Faisons le point » a été créée dans le but de d’ouvrir un espace de dialogue entre la société et les internautes.
En rideau d’ouverture: une vidéo du Président Philippe Coléon qui présente ses excuses, rappelle le rôle essentiel de la CNIL et liste les premières mesures correctives.
Avec un peu de retard – il faut le dire – et une première communication visant à remettre en cause le rapport de la CNIL, la société souhaite à présent s’engager dans un dialogue ouvert et annonce une démarche de communication transparente en utilisant les médias sociaux (Réseau social Facebook et vidéo Youtube). Est-il possible de regagner la confiance via les médias sociaux ?
Rappel des faits
J: Le 27 mai dernier au matin, le Parisien annonce le scandale:
Selon un rapport confidentiel de la Cnil, Acadomia, leader du soutien scolaire, fiche systématiquement son personnel et ses clients. Une atteinte à la vie privée jugée illégale.
Très vite l’annonce du scandale fait du bruit dans toute presse et les médias sociaux.
Du scandale pour « Avertissement de la CNIL » au buzz « La société Acadomia épinglée »
Le Parisien précisait dans son préambule que la Cnil adressait un avertissement à la société Acadomia
C’est une sanction très exceptionnelle. Le 22 avril, la Commission nationale informatique et libertés (Cnil) adresse un avertissement* à Acadomia, la société leader du soutien scolaire en France. Cet avertissement devrait d’ici peu être rendu public sur le site de la Cnil. Si le gendarme des libertés individuelles a décidé de lancer cette procédure rarissime « sur 120 à 150 contrôles chaque année, la Cnil ne sanctionne qu’entre 5 et 10 entreprises », rappelle son secrétaire général, Yann Padova , c’est que les faits reprochés sont nombreux et graves.
Les titres qui suivirent, comme en atteste le 20h du soir, sont tous sans appel « Acadomia épinglée par la CNIL ».
Sur le Web le scandale a généré un pic entre le 27 et le 29 mai 2010 sur le nom de la marque Acadomia. Un pic qui est redescendu aussitôt. Mais les premières réactions du groupe Acadomia sont allés dans le sens de la rumeur d’entreprise voyou (le mot « épinglé » raisonne bien dans ce sens).
Peut être pouvons nous attribuer ce durcissement aux réactions du groupe Acadomia qui a souhaiter renier les faits plutôt que d’en prendre note ????
Du déni aux mesures correctives
Jour J :Le déni
Dans un premier temps le groupe Acadomia a tenté de remettre en cause le rapport de la CNIL en niant les faits visés par la CNIL.
Le 27 mai à 07h00 : […] le directeur financier d’Acadomia, José Dinis, précise que sa société a « déjà mis en œuvre les recommandations de la Cnil (durée de conservation des données…) », mais souligne que le rapport est « truffé d’inexactitudes, qu’il souhaiterait voir corrigées » . Source Le Parisien du 27 mai
Le 27 mai à 13h46 : Le Groupe Acadomia, et ses fiches où on traitait des pères de « crétin », des mères de « salope », des profs de puanteurs ou de « conne », etc. affirmait avoir « toujours eu le souci de la santé et de la sécurité des enfants et regrette que des considérations aussi importantes soient négligées par la CNIL. Il est extrêmement attaché à la protection de la vie privée des familles et enseignants et continuera à tout mettre en oeuvre pour garantir le respect de celle-ci. » Source Pcinpact
La réaction du groupe Acadomia a fait réagir la CNIL de deux manières
Jour J: La réponse de frappe de la CNIL
Alex Türk, président de la CNIL rétorqua aux journalistes du Le Parisien à la lecture des propos du Directeur financier:
« Oui, j’ai vu ça. Ils ne devraient pas le répéter trop souvent, sinon je vais devoir mettre sur la table les informations saisies par nos contrôleurs. Rien n’a été inventé, aucun mot n’a été rajouté. D’ailleurs, quand la direction d’Acadomia s’est présentée à la Cnil accompagnée de son avocat, elle n’a jamais contesté les faits reprochés. Elle a reconnu avoir manqué de vigilance ».
Le 27 mai pour le 13h00, la CNIL publie l’intégralité de l’avertissement avec les commentaires à l’origine de l’avertissement.
J +1 : Timide acceptation du groupe Acadomia
Dans un communiqué de presse en date du 28 mai, le groupe Acadomia reconnait que les faits suscitent des émotions insupportables, reconnait travailler en collaboration avec la CNIL et annonce qu’elle va prendre des mesures correctives.
Nous comprenons et partageons l’émotion que ces commentaires ont suscité. En outre, ces dérapages caricaturaux de quelques personnes sont aussi déplacés qu’inutiles. Ils ne peuvent que nuire à l’image de notre société. Ils sont à l’opposé des valeurs que l’ensemble de nos collaborateurs et partenaires
défendent au quotidien depuis la création de cette entreprise de soutien scolaire à domicile née en 1989. Les sanctions adéquates sont et seront prises à
l’encontre des personnes responsables pour les manquements avérés.
Nous avons naturellement collaboré avec la CNIL pour répondre au mieux à ses demandes et à ses observations. Nous continuerons à le faire. Nous avons
également expliqué à la CNIL les contraintes liées à notre activité. Nous
porterons désormais, bien sûr, une attention encore plus particulière à la
gestion de nos fichiers, et à leur contenu, dans le plus strict respect de la vie
privée des personnes qui y figurent.
J+ 11: Lancement de la communication média
J’aurais pu titrer de la communication positive car avant nous étions sur des réactions en déni. Tout comme Edouard Leclerc, le Président du groupe Acadomia, Philippe Coléon lance un appel au dialogue en ouvrant une page Facebook « Faisons le point« .
Les messages:
Un discours sur un ton naturel et une voix qui sous-tend un mal-aise, réalisé dans un cadre de travail sans fioriture, composé de messages visant à réduire l’impact des faits : il parle d’Anomalies, présente ses excuses au nom du groupe, rappelle le rôle irrémédiable de la CNIL, il utilise les mots « éthique » et « valeur » (sans pour autant les expliciter) et annonce des mesures correctives qui se veulent rassurantes:
- Nettoyage de la base de données
- Licenciement des salariés en cause
- Nomination d’un Directeur qualité
Quelques impressions à échanger ?
L’image de marque portée par le Président.
Tout comme Edouard Leclerc jadis, c’est le Président lui même qui s’adresse aux internautes bien que l’on peut regretter le retard de la réaction. Peut être que ce retard sera à l’avantage de la société : les tensions sont moins grinçantes qu’aux premiers jours.
Les médias au service de la communication de crise.
Une initiative qui a le mérite de rendre l’entreprise acteur de sa communication média en dehors de son site « corporate » et en contre pieds de la presse mais qu’en est-il de la communication interne auprès des collaborateurs et des clients directs ?
Des imprécisions.
Le discours est naturel, propre, direct et simple mais il laisse quelques incertitudes. « Le licenciement des salariés » et « la nomination d’un Directeur qualité »: est-ce une réponse au management en cause ?
On sait pertinemment qu’une entreprise qui gère des fichiers et qui réalise de l’accompagnement a besoin de réaliser un suivi individuel et de proximité avec ses clients: quels processus et quels outils vont remplacer le système en cause dans le respect des droits individuels ?
Comment traduire l’éthique et les valeurs de l’entreprise dans ce contexte ?
Cette initiative, va-t-elle réparer l’image de marque de l’entreprise ?
10 Comments
Tweets that mention Acadomia, communication de crise via les médias pour gérer son image de marque » Le Blog du Personal Branding -- Topsy.com / 7 juin 2010 at 17 h 37 min
[…] This post was mentioned on Twitter by Business Commando, Marion REMY, A Grolleau-Fricard, Guillaume GERMAIN, renaud large and others. renaud large said: RT @fbrahimi : #Acadomia, communication de crise via les médias pour gérer son image de marque #eReputation http://ht.ly/1V74b […]
Marc JESTIN Networkers in the City / 7 juin 2010 at 18 h 16 min
Bonjour Fadhila et bravo pour ce travail de synthèse et de chronologie fort appréciable.
Il semble qu’ACADOMIA se soit laissé déborder par la crise et que ce ne soit pas totalement terminé (ce sentiment) si on en juge en effet par des mots un peu durs et qui ne sont — en tous cas pour ce qui me concerne — pas en accord avec certaines valeurs manageriales.
Ce cas fera certainement école… ^^
Je note deux points forts dans vos propos :
1. rappeler le rappel de la CNIL qui se montre, en général, TRÈS CLÉMENTE (tout comme de nombreux organismes) en effet. Ce qui signifie dans ces cas là, même si c’est difficile à accepter, qu’il vaut mieux faire « profil bas ».
2. on identifie mal (voire pas du tout) de valeurs de l’Entreprise dans ce contexte.
Je prendrais volontiers la « défense » des intéressés en précisant que les communicants ont tendance à galvauder ces valeurs le plus souvent. La sincérité est difficile à établir.
Pour finir, ce cas révèle et pose pas mal de questions et d’interrogations, y compris sur la manière dont il est autorisé de traiter et gérer des fichiers clients et des informations personnelles.
Dans un contexte où on nous rappelle cruellement que ni la CNIL ni les gouvernements n’ont d’emprise réelle…
En dehors de leurs territoires.
Cela inclue Facebook, comme beaucoup d’autres.
Au plaisir et bon courage aux dirigeants de sociétés pour travailler « au corps » et, je l’espère, en toute sincérité, les valeurs humaines et le vocabulaire dans leurs entreprises.
Marc
Fadhila Brahimi / 7 juin 2010 at 18 h 43 min
@Marc Jestin Merci pour votre commentaire et vos compliments.Je partage vos interrogations. J’ai terminé mon article par des questions car je souhaite prendre du recul et approfondir l’analyse nota sur la gestion des fichiers. Et suis également en attente concernant la mise en œuvre des valeurs et de la communication vers les Clients.
A vous lire 🙂
Cédric DENIAUD / 8 juin 2010 at 15 h 08 min
Je pense que c’est un mauvais exemple dans la forme et qui prouve une mauvaise utilisation d’un outil qui n’est pas destiné à cela. On voit ici plus de précipitation que de volonté finalement de répondre rapidement à travers une démarche et c’est plutôt ce qui ressort de la vidéo.
Je reviens sur l’utilisation des médias sociaux dans comm’ de crise ou face aux clients mécontents dans http://bit.ly/bte1wS
Fadhila Brahimi / 17 novembre 2010 at 15 h 40 min
Bonjour Cédric. Je ne comprends pas. Je découvre que maintenant ton commentaire. Précipitation ? Ah pour moi c’est tout l’inverse. Comme quoi
Fbrahimi sur Blogasty / 10 juin 2010 at 8 h 46 min
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Le Top 5 de la semaine # 45 | Blog & Com' / 13 juin 2010 at 15 h 25 min
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saury / 17 novembre 2010 at 15 h 28 min
Les recruteurs d’Acadomia ne sont pas compétents, les parents font confiance à des gens qui ne savent pas recruter. Ainsi, pour un entretien d’Anglais, la personne en face ne parlait pas l’anglais mais se permettait de se faire un jugement sur l’aspect extérieur, sur l’âge en particulier. Ce n’est pas acceptable. Je suis prêt à recruter des profs pour Acadomia en Anglais et croyez-moi, la personne recrutée saura parler anglais! L’accueil des enseignants n’est pas bon, pas étonnant que l’image d’Acadomia soit ternie. Je ne recommande pas cette boite, à cause des recruteurs déjà.
Fadhila Brahimi / 17 novembre 2010 at 15 h 41 min
Bonjour Saury Merci pour ce témoignage. Vous avez eu une expérience négative à priori Peut on pour autant en conclure que tous les recruteurs sont incompétents ?
Hadopi, gestion de crise, spam...Billets de la semaine #100 - Blog du Modérateur / 26 mai 2016 at 13 h 20 min
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