Algérie, recrutement de 20 000 enseignants d’ici 2010
Bientôt un portail pour permettre à la diaspora de postuler et de proposer ses compétences avec souplesse ?
Si l’Algérie comptait 10 diplômés en 1964 (lendemain de l’indépendance), en moins de 45 ans l’handicap s’est considérablement réduit. Nous assistons même à une progression exponentielle à faire trembler tous les analystes, conseillers et autres acteurs de LA « prospective ». En clair, la perspective des 1 500 000 étudiants pour 2010 fait à la fois pâlir et « mousser la salive ». Le recrutement en masse d’enseignants est inévitable ! Un portail dédié à cette opération pourrait voir le jour.
L’Algérie est à un tournant capital ; alors qu’elle est en passe de s’acquitter de ses 30 milliards de dette et que son taux d’analphabétisme est tombé à 20% (contre 80% en 1964), elle doit redoubler d’efforts pour passer d’une vision macro économique à une vision micro économique pour accéder au rang de « pays émergent ».
Observons :
- 75% de la population a moins de 30 ans -une pyramide des âges inverse à la France – et l’on devine les effets pervers d’une pyramide en poire écrasée : du dynamisme et de la créativité mais aussi une compétition rude pour accéder aux postes à responsabilité, des frustrations et des laissés pour compte.
- Un taux de chômage de 12, 3 en 2007 reflete certes une amélioration par rapport aux années précédentes mais ils touchent principalement les jeunes et le milieu urbain ; alors que la fonction publique affiche une progression les secteurs stratégiques sont dynamiquement faibles (ex, BTP, industrie).
- La fuite des cerveaux n’est pas anecdotique ! C’est un véritable fléau qui dépasse le phénomène acceptable lié à la mondialisation et à la promotion de la mobilité internationale. C’est une saignée qui pèse sur l’Algérie depuis son indépendance ; qui s’est accentuée durant les 10 années de guerre civile mais qui trouve à présent sa raison originelle dans le faible investissement de l’Etat dans la valorisation des savoirs. Tout au moins c’est ce que rapportent le plus généralement les 71 500 diplômés algériens expatriés en France entre 1994-2006.
Dans ce contexte, l’Algérie doit à la fois créer un environnement propice au retour des talents et en même temps développer et fidéliser les talents ressources dont elle dispose.
En ce sens, le système éducatif, l’Union de la Méditerranée (à condition d’exprimer une vision partagée et non « un centre et une périphérie »), la recherche et le développement, l’observation de l’évolution des métiers, l’acquisition de compétences et de méthodologie de pointe…sont des vecteurs essentiels.
Mustapha Cherif [1], interviewé par la pertinente Nadia Bey [2] ce vendredi 18 avril, relatait tous les investissement déjà effectués comme par exemple l’implantation d’établissement dans 35 Wilayas (préfectures)sur les 48 existantes, l’augmentation du budget pour la recherche et le développement, le recyclage des enseignants à l’étranger….Mais ces 8000 universitaires ne suffiront pas à éponger le besoin quantitatif et les ambitions qualitatives (expertise de pointe) escomptés.
« L’Algérie doit se doter d’un portail – d’une interface – permettant aux élites de la diaspora algérienne de proposer leurs services en tant que passeur de manière souple et personnalisable. J’y veillerais personnellement ! » s’exclama le professeur Mustapha Cherif vendredi 18 avril lors de la rencontre mensuelle de RÉAGE [2] à Paris.
Vaste chantier ! Qui nécessitera une réflexion sur: comment attirer, marier, retenir, fidéliser et valoriser les talents.
Un portail: c’est un projet ambitieux et incontournable dans l’ère de l’économie du savoir et de la connaissance qui appele l’idée d’une gouvernance des projets c’est-à-dire un espace régulé de jeu, où chacun peut et doit jouer en stimulant des comportements de coopération.. de co-opétion.
C’est également à mon sens, une porte ouverte sur la formation professionnelle et le développement des partenariats entreprise-école. Nota, en générant des alliances avec les grands groupes étrangers implantés en Algérie. N’est-ce pas de la responsabilité sociale que de co-créer et co-produire avec les ressources d’accueil ???
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[1] « Pr Mustapha Cherif, ancien Ministre de l’enseignement supérieur et Ambassadeur d’Algérie. Il est professeur des universités en Algérie et professeur invité au Collège de France. Philosophe et islamologue, spécialiste du dialogue des cultures, des religions et des civilisations, il est régulièrement invité dans des conférences et colloques internationaux. Il est également auteur de nombreux articles et ouvrages de références. M. Cherif est un intellectuel moderniste. Il est reconnu pour sa vision et son combat pour le dialogue Orient Occident ainsi que pour son expertise dans les domaines de la Formation et de la pédagogie » Extrait du communiqué réalisé par RÉAGE à l’occasion de la rencontre du 18 avril 2008 à Paris (Hôtel Novotel Les Halles)
[2] Nadia Bey, journaliste de Radio Orient (émission » Parlons-en ») et Présidente du CJAF ( Club des journalistes algériens de France)
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