Interview France3 TV de Fadhila Brahimi sur le plan social Air Lib suite condamnation de Jean-Charles Corbet le vendredi 27 février 2009
Interviewée vendredi par Fr3 Ile de France suite à la confirmation en appel de la condamnation de l’ancien PDG d’Air Lib Jean-Charles Corbet à 18 mois de prison ferme pour avoir détourné 15 millions d’euros et provoqué la faillite de la compagnie en 2003.
Je reviens rapidement – car l’affaire Air Lib ne peut en aucun cas s’expliquer en un post, ni en 3 minutes et encore moins se résumer par la condamnation de l’ex patron des compagnies fusionnées Air Liberté Aom- Air Lib, n’est que le dernier chapitre d’une longue chronique « mort annoncée » de plus de 8 ans durant laquelle se sont cumulés une quinzaine de plans sociaux, de transferts d’activité, 3 migrations technologiques avec 4 changements d’actionnaire qui a touché plus de 7500 salariés (11 entreprises: compagnies aériennes et filiales du groupe Swissair France) entre la France et la Suisse.
Près de 10 000 suppressions d’emploi en 5 ans rien que sur la plate forme d’Orly. Alors que la compagnie desservait près de 36 escales (métropole, Dom Tom et international). C’est donc plus de 7500 familles qui ont été touchées par des erreurs de gestion et d’appréciation politique. La question en suspend: y avait-il une place pour une seconde compagnie aérienne en France? – probablement oui si certaines décisions avaient été prises en son temps.
Sur un plan social, ce fut probablement l’un des fiascos les plus marquants des années 2000 avec les affaires Métaleurope, Danone, LU…
Les salariés licenciés en février 2003 étaient à 90% des survivants de plans sociaux qui ont du se battre pour maintenir le rang de la deuxième compagnie française.
En plus du statut de survivant qui porte en soi un lourd tribut, c’est un sentiment d’injustice et d’incompréhension qui laisse un goût amer à cette affaire : « nous ne serons jamais officiellement qui sont TOUS les responsables ». Et pourtant, Air Lib est un cas d’école étudié dans les universités de droit social: nous avons tout vu du Livre 3 et 4 du code du travail en une seule entreprise.
Ayant travaillé entre 1995 et 2003 dans cette compagnie, j’ai assisté à la fusion Air Liberté-TAT puis Air Liberté – Aom (elle même composée de deux autres entreprises). J’ai donc travaillé dans une entreprise qui est passé de 0 à 500, 3000 à 7500 puis de 3200 à 0 en 8 ans, avec des ouvertures et des fermetures de lignes, des alliances et désalliances…etc.
Et j’ai donc assisté à l’extinction des feux en accompagnant les salariés d’Air Lib et de ses filiales en travaillant dans le groupe BPI pour le reclassement et le transfert des compétences tout en faisant mon propre travail de deuil.
Le travail de deuil dans une compagnie aérienne a de particulier qu’en tant que salarié vous n’êtes pas seulement un travailleur mais l’ambassadeur d’une marque via le port de l’uniforme ce qui vous lie de manière affective à votre entreprise.
Et lorsque vous êtes un survivant de plans puis finalement licencié, il importe de pouvoir de poursuivre votre carrière en renouant votre confiance à une autre marque, à une équipe managériale et à des actionnaires.
En créant mon entreprise en 2005, j’ai pris le pari que cette expérience ne pouvait que me rendre plus forte pour accompagner les changements. Mais je sais qu’une grande majorité des ex Air Lib ont du renoncer à leur grade pour pouvoir retrouver un emploi, certains ont du subir un autre plan de licenciement 6 mois après (Air Littoral, Aéris, Air Bourbon), sans compter les divorces, les déménagements et ceux qui aujourd’hui n’ont pas retrouvé d’emploi stable ni de « paix intérieure ».
La fin d’Air Lib: c’était avant tout la fin d’une surperposition de compagnies aériennes fusionnées juridiquement mais pas sur l’aspect social et un désengagement de l’Etat – Aucune poursuite contre Swissair et Marine-Wendel pour avoir laissé la compagnie avec 6 milliards de déficit grâce à une gestion désastreuse.
Faute d’un vrai procès, certains croient encore que la survie de l’une des entités était possible.
Je crois qu’à travers ces quelques lignes, vous devez comprendre ce qui m’a amené à devenir coach à travailler sur les repositionnements professionnels, la cohésion d’équipe, la construction d’une vision partagée et la conduite du changement.
Pour (re)voir l’interview de Fadhila Brahimi sur le 19/20 de France 3 du vendredi 27 février 2009
Dépêche de l’AFP du 27 février 2009
Le groupe Facebook « fan de la compagnie Air Liberté et AOM«
La photo ci-dessus a été prise par le journal du Val de Marne en septembre 2001 alors que je sortais de 10 jours de négociations sur les critères de licenciement.
Voici une vidéo rétrospective de ce que représentait le groupe Swissair France: Air Littoral, Air Liberté, AOM pour les nostalgiques qui viendraient sur cette page et pour les passionnés: aperçu des Air Bus, DC10, MD83, ATR…
2 Comments
[Personal Branding] Comment se différencier et trouver un signe particulier pour se mettre en valeur ? | Branding, Personal, Julio, Lart, Lhomme, Cest | Le Blog du Personal Branding / 28 novembre 2009 at 16 h 47 min
[…] plus stable qui de plus m’offrait la possibilité de travailler en horaires décalées. Les turbulences d’Air Lib ont mis fin à ce schéma pour laisser place à un autre que nous évoquerons […]
Un dîner avec Eric Besson, la suite au prochain épisode #BercyNum » Le Blog du Personal Branding / 25 février 2011 at 16 h 57 min
[…] je ne reviendrais pas sur cette épineuse affaire, mais vous conduit vers cette article sur l’affaire Air Lib et mon rôle en tant responsable du plan média des 7500 salariés du groupe Air L… et même succinctement Danone Lu Gervais dans les années 2000). Et je n’ai pas eu la prétention […]
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