La supervision, espace existentiel du « coach en devenir » pour qui veut l’être et se renouveler.
La supervision (1) a un rôle de régulateur et de changement pour un coach.
Que recouvre cette pratique préconisée par la communauté, obligatoire dans le cadre d’une certification et essentielle pour le coach en action?
Le coach est avant tout un être humain !
Le coach est un être d’évolution sujet à des émotions et des projections et parallèlement susceptible de s’enliser dans un certain confort qui pourraient nuire à sa vocation à accompagner des personnes et des organisations en leur permettant d’offrir par l’expérimentation un espace de progrès ouvert à tous les champs des possibles dans l’intérêt propre des coachés.
Le coaché quant à lui est susceptible d’attendre de la part du coach « la bonne parole » et de transférer sur lui des sentiments inconscients (tendresse, peur, etc.) qui peuvent se refléter chez l’un et l’autre à tour de rôle ou en simultanée.
Dans la mesure où le coach ne peut se prévaloir de tout voir, de tout entendre ni de tout entrevoir, la garant_ie d’un alignement avec son identité-les techniques, les concepts, les règles déontologiques- et la complexité de l’homme et de l’environnement EST de s’accorder un temps et un espace d’observation, de révision et d’exploration à l’extérieur du système coaché (individu, équipe, organisation).
La supervision, le pendant de la pratique de coach
Ma formation de coach m’a procuré les savoirs, les savoirs-faire et les savoirs-être pour pratiquer le coaching d’entreprises; la supervision quant à elle m’apporte les savoirs-agir en situation réelle pour pouvoir progresser et être consciente de mon identité de coach. Si nous reconnaissons Socrate, précurseur de la maïeutique (l’art d’accoucher les esprits), comme le père du coaching; nous reconnaissons l’immuable déclamation « connais-toi toi-même »(2) suscitée par la maxime «Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien». Avoir une co_naissance-consciente de soi permet de se dés_unir avec ses croyances limitantes, ses peurs et ses doutes ; de se ré_unir avec ses valeurs et ses croyances aidantes : « j’ai l’énergie pour… ».
In facto, c’être conscient de ce que « je suis » et de ce que « je fais » des techniques, des concepts appris et des règles déontologiques. Ce point de départ conscientiel éclaire mon cheminement vers l’amélioration et le développement de mes compétences personnelles et professionnelles pour habiter durablement la posture de coach dans le respect de la personnalité du coaché et de son environnement. Ainsi la supervision m’invite à m’interroger sur mes attitudes, mes perceptions, mes émotions, mes actions sur la base de ma pratique et de situations vécues en situation de coaching.
Un lieu didactique de progrès personnel pour apprendre des et avec les autres
J’adhère à deux types de supervision actuellement :
- Une supervision individuelle ponctuelle lorsque j’ai besoin d’être accompagné une situation, un questionnement afin d’accéder à un niveau d’analyse plus élevé (verticalement et horizontalement) et éviter les contre-transferts. C’est-à-dire lorsque je ne parviens pas à intervenir auprès d’un client comme je le souhaite = situation de piétinement lié au fait que le questionnement du coaché me renvoie à ma propre zone d’ombre.
- Une supervision continue en groupe dans le cadre d’un développement professionnel dont l’objectif est de s’auto-enrichir par l’expérience des uns et des autres sous l’œil bienveillant et mobilisateur d’un superviseur. Dans cet espace, j’y traite personnellement des questionnements sur une difficulté liée à un coaching que je fais, j’y teste des exercices de coaching avant de les exporter chez des clients ; j’y pratique également des coachings individuels et collectifs pour accéder aux demandes des autres coachs présents qui sont dans les mêmes attentes que moi : à savoir, s’enrichir mutuellement, développer ses compétences et élargir ses pratiques. Le superviseur apporte un reflet supra-dimensionnel sur ce qui se joue en lieu et place avec des axes de progression par l’observation et l’écoute des coachings des coachs dans l’espace de supervision.
Le superviseur est au coach ce qu’est le coach au coaché
La supervision est un espace de métacomunication (3) qui respecte les modalités, les règles et le processus d’un coaching (4) quelque soit sa durée :
- Définir un objectif
- Analyser la situation actuelle
- Explorer les solutions du possible
- Décider d’un plan d’actions
- Agir en expérimentant les progrès accomplis
- Evaluer les progrès accomplis
- Identifier de nouveaux axes d’amélioration
Le superviseur est un coach expérimenté qui devient alors « le coach du coach » : le garant d’un cadre servant à créer un espace de confrontation visant à :
- Prendre du recul sur une situation vécue, une émotion présente
- Analyser et comprendre mes difficultés de pratique
- Identifier les éléments de transferts et de contre transferts
- Améliorer ma compréhension de mes modes d’intervention
- Elargir ma vision vers des horizons non explorés jusqu’à lors
- Affirmer mon indenté de coach
Un coach supervisé, une assurance pour le coaché ?
Le coaching est un marché en phase de maturité alors qu’il échappe à tout contrôle (profession non réglementée ni reconnue). Si le coaching a une image très positive dans les pays anglo-saxons, en France celui-ci n’a pas encore gagné ses lettres de noblesse pour diverses raisons : une profession non reconnue par les instances nationales et non référencées par les nomenclatures des métiers et de l’emploi. Ces éléments alimentent les « anti-coachings » qui sur les terrains médiatique et professionnel qualifient le coaching comme un effet de mode ou comme le repackaging de métiers existants : psychologue, manager, conseiller ou formateur ; ouvrent la porte à des excès et des dérives périlleuses pour le métier et les coachés suite à l’utilisation abusive du terme « coaching » pour des raisons marketing.
A quoi reconnaît-on qu’un coach est un coach ??? Comment le choisir ? Comment se prémunir ? Comment s’assurer d’une éthique professionnelle ? etc.
Sur le plan institutionnel, les coachs sont représentés par des associations et des syndicats et de réseaux professionnels (souvent composés d’anciens candidats d’une école). Leur volonté commune est de prôner une définition professionnelle du coaching et d’offrir un cadre rassurant pour les coachés. Ainsi, l’ensemble des associations (AEC, FFCpro, I.C.F. SFCoach, syndicat des métiers du Coaching, Syntec) prône une charte déontologique offrant des garanties au coaché de pouvoir ester auprès de l’institution en cas de conflit ou de différend avec l’un de ses adhérents et définisse le coach comme une personne :
- « compétente » puisque formée et expérimentée,
- sous le joug du secret professionnel
- faisant un recours régulier à la supervision par des pairs
- recherchant à développer l’autonomie et la responsabilité de son client,
- ayant a un devoir de réserve vis-à-vis de la profession,
- veillant aux intérêts du client et de l’organisation
- acceptant que les missions qu’il est en mesure d’assurer
Références
(1) « La supervision est une réflexion approfondie sur la pratique du coach visant l’amélioration de ses compétences personnelles et professionnelles. Elle est un espace de confrontation, où le coach stimulé par le superviseur va s’interroger sur ses attitudes, ses perceptions, ses émotions, ses actions. Il devient, l’espace d’un instant, coaché par un coach de coachs ». P. Amar, Dictionnaire des coachings. Dunod, Paris, 2007, p.129
(2) Inscription gravée au fronton du temple d’Apollon à Delphes
(3) La métacommunication est une communication de second niveau (sur la relation). « Toute communication présente deux aspects: le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par suite est une métacommunication.»Paul Watzlawick.
4) L.Buratti et V. Lenhardt, Le coaching. InterEditions, Dunod, Paris, 2007, p.2
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