Définition, origine et histoire du concept réseau
« – Me considérez- vous comme un homme instruit, cultivé ?
– Assurément, répondit Zi-Gong. Ne l’êtes-vous pas ?
– Pas du tout, dit Confucius… J’ai simplement empoigné un fil qui relie tout le reste1.»
Avant de créer, de dynamiser ou de rejoindre une organisation en réseau, il semble nécessaire de bien comprendre ce que recouvre la notion. Pour cela, il est utile de se référer à son étymologie et son histoire.
Définition
Etymologiquement,
le mot « réseau » vient du latin reticulum, « petit filet », diminutif de retis, filet. On le retrouve en italien dans la rete , et en français dans le mot « résille » .
La racine latine rets- évoque le filet des pêcheurs ou des dentellières. C’est donc un principe d’interconnexion de points sans que l’un d’entre eux occupe une position centrale.
Plus généralement
Il désigne plus généralement un ensemble de lignes, de points, de traits, d’ensembles, de voies, de personnes, de surfaces ou d’organisations qui s’entrecroisent (réseau local, réseau trophique, réseau privé virtuel, réseau de distribution, réseau métropolitain, réseau ferroviaire, couche réseau, réseau chromosphérique, réseau informatique, réseau de télécommunications, réseau hydrographique, réseau neural, réseau cristallin, réseau urbain, réseau numérique,…).Travailler en réseau : Partager et capitaliser les pratiques professionnellesLE BOTERF G., définit le réseau professionnel comme une « Interconnexion de personnes qui échangent des ressources2 ». . Ainsi, le réseau permet de capitaliser et de mutualiser des moyens humains et financiers mais aussi d’échanger des informations et des ressources.
Histoire
La notion de réseau est ancienne.
Des réseaux de dépannage aux réseaux stratégiques l’objectif, pour ses membres est de rompre l’isolement et de construire une dynamique commune.
Les réseaux sont organisés autour d’une ou de plusieurs finalités, et les acteurs échangent entre eux des ressources d’ordre divers pour la réussite de leurs objectifs. La qualité et l’intensité des relations entre les membres du réseau dépendent du climat de confiance et de réciprocité3 instauré entre eux.
Aussi, l’émergence d’un réseau trouve son origine dans la recherche d’une solution qui dépasse les seules capacités individuelles dans des situations de crise, de menaces extérieures ou tout simplement d’évolution de relations déjà existantes par la mise en place d’une communauté de pratique.
Dans son livre, The Origin of Virtue. Human Instincts and the Evolution of Cooperation (1996), Matt Ridley raconte que les premiers hominidés ont créé la première communauté humaine avec le premier « bien public ».
Nos lointains ancêtres avaient intégré le principe de la « nécessité de coopérer » pour survivre ; notamment, en pratiquant à plusieurs la chasse de gros animaux (par exemple, la chasse au mammouth).
En construisant un réseau d’espionnage puissant, Jules César a pu conquérir, à une rapidité foudroyante, la Gaulle. Il connaissait parfaitement la Gaulle et les Gaulois grâce aux renseignements collectés sur leurs habitudes, leurs qualités et leurs défauts mais grâce à sa connaissance parfaite de la géographie du pays qu’il voulait conquérir.
A côté de clubs prestigieux (Lion’s Club, Rotary, Grande Loge de France….), économistes, ecclésiastiques, politiciens, journalistes, grands patrons, artisans, commerçants, sportifs, révolutionnaires et syndicalistes de tout bord et de tout temps ont crée des réseaux pour échanger des informations, faire des économies et augmenter leur croissance.
L’introduction du concept de réseau dans les organisations.
Selon ORGOGOZO I.,4, l’introduction du concept de réseau dans les organisations en général date des années quarante. Deux approches scientifiques illustrent ce changement : Wiener, pour l’armée, et BATESON G.., pour la psychothérapie.
Durant la seconde guerre mondiale Wiener, réalisa des travaux pour l’armée, qui ont permis de mettre au point l’automatisation du retour d’information et la fabrication d’armes capables de modifier leur trajectoire de tir en fonction du déplacement de la cible visée.
BATESON G. transposa ces notions de pilotage et d’interaction aux relations entre les personnes en construisant un nouveau modèle de psychothérapie (la thérapie familiale). Selon lui, les réactions d’un enfant sont le fruit d’un réseau d’informations (mots et comportements) communiquées par ses parents.
Bien au-delà de ces illustrations, l’application du concept de réseau s’est progressivement imposé dans les organisations en réduisant l’organisation classique, pyramidale et hiérarchique et en considérant que l’acteur de tout système n’est pas un élément isolé mais le fruit d’un environnement dans lequel il reçoit des informations qui le font réagir et rétroagir (feed back, ou « rétroaction »).
Depuis la Seconde Guerre mondiale et, plus particulièrement depuis la crise économique des années soixante-dix, le concept de réseau s’est peu à peu implanté dans les entreprises, en faisant apparaître des organisations où les frontières internes et externes s’estompent au profit d’un réseau d’entreprises et d’intervenants (co-conception, secteur « R&D » partagé, co-traitance, co-production, alliances, partenariats divers).
Avec l’essor des nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC) permettant de communiquer et de partager des données à une vitesse très élevée au profit d’un nombre à un nombre illimité de personnes, les entreprises « en réseau » ont connu un développement rapide ces dix dernières années. Les NTIC apportent des changements profonds dans les modes d’organisation du travail traditionnel et modifient fondamentalement les rapports humains au temps, à l’espace et à la hiérarchie.
Travailler à partir de chez soi, depuis St-Brieux, en connexion avec un informaticien à Alger, et le dirigeant d’une entreprise de Hong-kong pour un client basé à Bogota,….c’est parfaitement possible.
Tout au moins, les NTIC contribuent à faciliter la coordination entre les différents éléments qui constituent le réseau.
Cependant, en favorisant l’émergence de nouvelles entreprises dites « virtuelles », les NTIC soulèvent de nouvelles problématiques concernant la relation au travail et son l’organisation.
« La nouvelle contrainte de l’organisation et donc de la GRH (gestion des ressources humaines), est de faire partager son dessein à des acteurs créatifs dotés d’initiative qui y collaborent et non plus à des agents qui l’exécutent » (Alter, 1989).
1 Raconté par Sima Qian (-145-v.-89), « Conficuis »,in Hus Hi, The Development of Logical Methods in Ancient China , Shangai, Oriental Book Campany, 1992 et cité par Qian (1985, p 125) et extrait de La Société en réseaux CASTELLS M.,. La société en réseaux. Trad de l’angl. par DELAMARE P., nouvelle édition, Paris, 2001, p 23.
2 Travailler en réseau : Partager et capitaliser les pratiques professionnelles LE BOTERF G., Travailler en réseau, Editions d’Organisation, Paris, 2004,158 p.
3 Ibdem.
4 ORGOGOZO I., « Animer la politique éducative en réseau » in Bloc notes. Le magazine de l’académie de Rennes, N°34, Rennes, décembre 2000 pp. 4-9.
Leave a Comment